« Souveraineté numérique » : derrière cette expression cohabitent différents questionnements. Certains sont d’ordre scientifique et technique, d’autres se placent au niveau stratégique et politique.
L’objectif de la journée « infrastructures pour la souveraineté numérique » organisée conjointement par la SiF et le CNAM est d’alimenter la réflexion sur l’ensemble de ces axes. Après une introduction aux questions de souveraineté numérique, il s’agira de débattre des enjeux de souveraineté autour des infrastructures de centres de données ainsi qu’autour du développement des briques matérielles et logicielles nécessaires. La réflexion se poursuivra et se conclura par une discussion sur l’impact de l’écosystème économique et politique sur l’avenir du développement et du déploiement de solutions technologiques souveraines.

Organisateurs:
Erwan Le Merrer, Inria
Pierre Paradinas, Cnam
Stefano Secci, Cnam

Agenda de la journée

08:30 – 09:00  Accueil 

09:00 – 09:10  Ouverture avec Mme l’Administratrice du Cnam Bénédicte Fauvarque-Cosson

09:10 – 11:00    Panel 1 :
Qu’est-ce que la souveraineté numérique ?

Introduction aux questions de souveraineté numérique.

Intervenants:

Maya Bacache (collège de l’Arcep)

Valérie-Laure Benabou (Univ. Paris-Saclay, UCSQ)

Thierry Collette (Thales)

Henri d’Agrain (CIGREF)

Stéfane Fermigier (CNLL, APELL)

Pierre-Yves Gosset (Framasoft)

Serge Abiteboul (Collège de l’Arcep, Inria & ENS Paris) – animateur


11:00 – 11:15  Pause café


11:15 – 13:00  Panel 2 :
Vers des infrastructures de centres de données réparties et souveraines

Ce panel soulèvera des questions techniques et stratégiques liées au déploiement d’infrastructures cloud européennes, nationales et de proximité, avec des membres venant des différents acteurs économiques.

Intervenant.e.s :
Arnaud de Berminghan (Président, Scaleway):
“L’importance du Cloud Public pour la souveraineté numérique”

Stéphane Bortzmeyer (Ingénieur réseaux-systèmes, AFNIC):
“Le rôle des noms de domaine dans la souveraineté numérique”

Cédric Foll (directeur général délégué au numérique de l’Université de Lille):
“Souveraineté numérique dans un établissement d’enseignement supérieur et de recherche: la quadrature du cercle”

Samuel Triolet (Expert, FranceIX):
“Souveraineté numérique sans souveraineté réseau ?”

Stefano Secci (Professeur, Cnam) – animateur

13:00 – 14:30  Pause déjeuner


14:30 – 16:00   Panel 3:
Les briques matérielles et système pour la souveraineté : simple assemblage ou développement à long terme ?

Ce panel questionnera les outils en présence — ou ceux à développer– pour assurer différents niveaux de souveraineté, et ce à travers tout le spectre allant du hardware aux offres logicielles de plus haut niveau.

Intervenant.e.s :

Adrien Lebre (Professeur, IMT Atlantique):
“4 ans au sein de la communauté OpenStack: quelles leçons tirer pour le monde académique ?”

Philippe Notton (CEO & founder of SIPEARL):
“SIPEARL : Designing the microprocessor that will power Europe’s supercomputers”

Stefano Zacchiroli (Professeur, Télécom Paris):
“Software Heritage : garantir un accès indépendant au bien commun logiciel?”

Erwan Le Merrer (chercheur, Inria) – animateur

16:00 – 16:15 Pause café


16:15 – 18:00 Panel 4:
Vers une souveraineté accrue : étapes et obstacles potentiels

Ce dernier panel s’attachera de discuter au de-là des questions techniques comment les aspects gouvernances, réglementations, incitations, normalisations/standardisations, déploiements commerciaux… peuvent ou/non contribuer à l’émergence et à la réussite de technologies souveraines.

Intervenant.e.s :
Sylvie Alayrangues, (Université Poitiers & Membre du comité d’éthique pour les données d’éducation)

Pierre Gronlier (Directeur technique, GAIA-X)

Gaël Blondelle (Chief Membership Officer, Eclipse Foundation AISB)

Raphaël Auphan , (CEO, QWANT)

Bruno Lévy (Directeur de recherche, Inria)

Eric Vétillard (Lead Certification Expert, ENISA)

Pierre Paradinas (Professeur, Cnam) – animateur


18:00  Cocktail de clôture


Invités de marque

Vania Conan, Thales
David Fraboulet, MESRI
Gabriel Chenevoy, Terralpha & SNCF
Pierre Mounier-Kuhn, FMSH
Yann Pollet, Cnam
Nicolas Pioch, Cnam


Résumé de la journée

La souveraineté numérique est une notion éminemment politique et complexe.
L’importance des infrastructures technologiques dans cette souveraineté ne l’est pas moins, car elles sont les moyens de la mettre en place pour un état, une entreprise, voire au niveau individuel.

La journée du 22 novembre organisée par le Cnam (équipe de recherche ROC du CEDRIC) et la Société informatique de France a notamment proposé le terme “d’autonomie stratégique” en remplacement et plus précis que souveraineté numérique. Il a été rappelé la multiplicité des champs d’actions de celle-ci : droit, économie et ici technique, le cœur de notre discussion. Il a également été souligné la permanence de ce besoin depuis le plan Calcul de 1966.

La présentation des capacités technologiques déjà en présence avec les réseaux, les centres de données, le cloud et sa gestion, le logiciel libre, et qui sont des briques de base disponibles, permettent à l’Europe d’assoir une autonomie numérique. Même si certains équipements semblent hors de portée à court terme (e.g., fonderie pour les micro-processeurs de nouvelle génération), une volonté politique assurerait des lignes importantes de développement pour les décennies à venir.

La tentation de la facilité pour l’accès aux services des GAFAMs est grande, et fait souvent tort aux acteurs industriels locaux. Les décisions de recourir à tel ou tel service ne sont pas forcément toujours rationnelles au regard de la souveraineté, mais privilégient souvent d’autres dimensions (intégration, bas coût à court et moyen terme, pari sur le futur) qui s’avèrent contre-productives à cet égard.

Constamment rappeler l’importance des enjeux de l’autonomie numérique est alors crucial pour espérer corriger le tir, et ce avant d’être mis devant le fait accompli de décisions unilatérales de restrictions de services par exemple.
La nécessité d’accroître drastiquement la formation des étudiants et des chercheurs à l’utilisation ou la création de ces outils a été très largement plébiscitée par les intervenants et l’audience. Ce dernier point apparait aujourd’hui comme l’un des principaux leviers pour agir à court et moyen terme.

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